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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/352

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LIVRE TROISIÈME.

on ne saurait affirmer de lui rien de plus élevé sous le rapport de l’essence ; enfin, il offre un grand nombre de différences qui constituent des espèces.

À quel genre voulez-vous ramener le mouvement ? Il ne constitue ni la substance ni la qualité des êtres dans lesquels il se trouve, il ne se ramène même pas à l’action : car il y a dans la passion plusieurs sortes de mouvements ; ce sont au contraire les actions et les passions qui se ramènent au mouvement. Ensuite, de ce que le mouvement n’existe pas en lui-même, qu’il appartient à un être et qu’il est dans un sujet, il ne s’en suit pas qu’il soit un relatif ; sinon, il faudrait placer aussi la qualité dans le genre de la relation : car la qualité appartient à un être et est dans un sujet ; il en est de même de la quantité. Dira-t-on que, bien qu’elles soient chacune dans un sujet, l’une en tant que

    contraire à un autre mouvement spécial : la destruction à la génération, le décroissement à l’accroissement, le déplacement dans le lieu au repos dans le lieu. Le déplacement dans un lieu contraire pourrait plus que les autres mouvements sembler une opposition : par exemple, le déplacement en haut paraît opposé au déplacement en bas, et réciproquement. Mais pour la modification [ou l’altération], le dernier des mouvements énoncés, il ne serait pas facile de dire ce qui lui est contraire. Rien, en effet, ne paraît lui être contraire, à moins qu’on ne lui oppose le repos avec telle qualité, ou bien le changement de la qualité dans son contraire, de même qu’au déplacement dans le lieu on oppose le repos dans le lieu ou le changement dans un lieu contraire. La modification, en effet, est aussi un changement de qualité : ainsi le repos dans une qualité ou bien le changement dans le contraire de cette qualité sera opposé au mouvement dans la qualité ; ainsi, devenir blanc sera opposé à devenir noir : car alors l’objet est modifié, parce que le qualitatif vient à se changer en ses contraires. » (Catégories, III, chap. XIV, trad. fr., p. 158.) Plotin s’écarte d’Aristote en faisant du mouvement un genre qu’il met en place des catégories péripatéticiennes de l’action et de la passion. Voy. sur ce point Simplicius, Commentaire des Catégories, fol. 79, b-g.