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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/363

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SIXIÈME ENNÉADE.

mouvement [est une chose positive], qu’il apporte quelque chose avec soi, qu’il a de l’efficacité, qu’il donne une impulsion au sujet, qu’il produit ou détruit mille choses ; le repos, au contraire, n’est rien en dehors du sujet qui se repose et signifie seulement que celui-ci n’est pas en mouvement[1].

Pourquoi ne regardons-nous pas aussi la stabilité des choses intelligibles comme une négation du mouvement ? C’est que la stabilité n’est pas la privation du mouvement : elle ne commence pas à exister quand le mouvement cesse, elle ne l’empêche pas d’exister en même temps qu’elle. Dans l’être intelligible, la stabilité n’a pas pour condition que ce qui est naturellement porté à se mouvoir cesse de se mouvoir. Il en est tout autrement : en tant que l’être intelligible est compris dans la stabilité, il est stable ; en tant qu’il se meut, il se mouvra toujours ; il est donc stable par la stabilité, et il se meut par le mouvement ; le corps, au contraire, est mû sans doute par le mouvement, mais il ne se repose que par l’absence de mouvement, quand il est privé du mouvement qu’il devrait avoir. En quoi d’ailleurs consisterait la stabilité [si l’on supposait qu’elle existât dans les choses sensibles] ? Quand quelqu’un passe de la maladie à la santé, il entre en convalescence. Quelle espèce de repos opposerons-nous donc à cette convalescence ? Lui opposerons-nous l’état dont cet homme vient de sortir ? Cet état est la maladie et non la stabilité. Lui opposerons-nous l’état dans lequel cet homme vient d’entrer ? Cet état est la santé, qui n’est pas identique à la stabilité. Dire que la maladie et la santé sont chacune une sorte de stabilité, c’est faire de la maladie et de la santé des espèces de la stabilité, ce qui est absurde. Si l’on dit enfin que la stabilité est un accident de la santé, il en résulterait qu’avant la stabilité la santé ne serait

  1. Cette phrase est citée par Simplicius, Commentaire des Catégories, fol. 109, e.