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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/366

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LIVRE QUATRIÈME.

entier de la même manière que la qualité, la douceur par exemple, ou bien la couleur : car ce sont là des modifications passives des corps, en sorte qu’on ne s’étonne pas de voir une modification se répandre dans tout le corps qui a été modifié, n’être rien par elle-même, faire partie du corps et n’être connue qu’en lui : c’est pourquoi elle a nécessairement la même grandeur que le corps. En outre, la blancheur d’une partie du corps ne partage pas la passion éprouvée par la blancheur d’une autre partie[1] ; la blancheur d’une partie est identique sous le rapport de l’espèce à la blancheur d’une autre partie, mais elle ne lui est pas identique sous le rapport du nombre[2] : au contraire, la partie de l’âme qui est présente dans le pied est identique à la partie de l’âme qui est dans la main, comme on le voit dans les perceptions[3]. Enfin, ce qui est identique dans les qualités est divisible, tandis que ce qui est identique dans l’âme est indivisible : si l’on dit qu’il se divise, c’est en ce sens qu’il est présent partout[4].

  1. Voy. le développement de cette idée dans l’Enn. IV, liv. II, § 2 ; t. II, p. 257-259.
  2. Voy. Enn. IV, liv. II, § I ; t. II, p. 254-256. L’exemple de la blancheur dont Plotin se sert ici pour expliquer sa pensée est développé dans l’Enn. IV, liv. III, § 2 ; t. II, p. 265.
  3. « Ideo [anima] simplicior est corpore, quia non mole diffunditur per spatium loci, sed in unoquoque corpore, et in toto tota est, et in qualibet ejus parte tota est ; et ideo, quum fit aliquid in quavis exigua parte corporis quod sentiat anima, quamvis non fiat in toto corpore, illa tamen tota sentit, quia totam non latet. » (S. Augustin, De Trinitate, VI, 6.)
  4. Le fond des idées que développe ici Plotin, y compris l’exemple de la blancheur, se retrouve dans le passage suivant de S. Augustin : « Porro autem quod parum distincte putavimus posse intelligi quum diceremus Deum esse ubique totum, nisi adderemus, in seipso, video diligentius exponendum. Quomodo enim ubique, si in seipso ? Ubique scilicet, quia nusquam est absens ; in seipso autem, quia non continetur ab eis quibus est prœsens, tanquam sine eis esse non possit. Nam spatia locorum toile corporibus, nusquam erunt, et quia nusquam erunt, nec erunt. Tolle ipsa