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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/367

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SIXIÈME ENNÉADE.

En présence de ces faits, expliquons d’une manière claire et plausible, en prenant les choses dès l’origine, comment l’Âme, étant incorporelle et inétendue, peut cependant avoir pris une pareille extension, soit avant les corps, soit dans les corps. Si l’on voit en effet qu’elle était capable de prendre de l’extension avant que les corps existassent, on comprendra aisément qu’elle ait pu en prendre dans les corps.

II. Il existe un Être véritablement universel ; le monde que nous voyons n’en est que l’image. Cet Être véritablement universel n’est dans rien : car rien n’a précédé son existence. Ce qui est postérieur à cet Être universel doit, pour exister, être en lui, puisqu’il dépend de lui, que sans lui il ne saurait ni subsister ni se mouvoir[1]. Ne placez donc

    corpora qualitatibus corporum, non erit ubi sint, et ideo necesse est ut non sint. Etenim, quum per totam suam molem corpus æqualiter sanum est aut æqualiter candidum, non est in una quam in alia parte ejus sanitas major aut candor, nec major in toto quam in parte ejus ; quia non sanius aut candidius totum constat esse quam partem. Si autem inæqualiter sit sanum aut inæqualiter candidum, fieri potest ut in minore parte sit sanitas major aut candor, quum minora quam majora saniora vel candidiora sunt membra ; usque adeo non mole constat quod in qualitatibus magnum dicitur vel parvum. Verumtamen, si moles ipsa corporis, quantacunque vel quantulacunque sit, penitus auferatur, qualitates ejus non erit ubi sint, quamvis non mole metiendæ sint. At vero Deus non, si minus capitur ab illo cui prasens est, ideo ipse minor est. Totus enim in seipso est, nec in quibus est, ita est ut indigeat eis, tanquam non possit esse nisi in eis. Sicut autem nec ab illo abest, in quo non habitat, et totus adest, quamvis eum ille non habeat ; ita et illi in quo habitat, totus est præsens, quamvis eum non ex toto capiat. » (Lettre clxxvii, De la présence de Dieu, § 18.)

  1. Cette phrase de Plotin rappelle les célèbres paroles de saint Paul prêchant devant l’Aréopage : « Il n’est pas loin de chacun de nous, puisque c’est en lui que nous vivons, que nous sommes mus, et que nous sommes. » (Actes, XVII, 28.) Aussi le commence-