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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/371

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SIXIÈME ENNÉADE.

[au lieu d’avoir un mouvement circulaire] se rendre auprès de lui en ligne droite, toucher différentes parties de cet Être par différentes de ses parties, et se trouver ainsi éloigné de lui d’un côté, et voisin de lui d’un autre côté. Mais comme l’Être universel n’est ni voisin d’un lieu, ni éloigné d’un autre, il est nécessairement présent tout entier dès qu’il est présent ; par suite, il est présent tout entier à chacune de ces choses dont il n’est ni voisin ni éloigné ; il est présent aux choses qui peuvent le recevoir[1].

III. L’Être universel est-il par lui-même présent partout ? Ou bien demeure-t-il en lui-même tandis que de son sein ses puissances descendent sur toutes choses, et est-ce en ce sens qu’il est regardé comme présent partout ? — Oui, sans doute. C’est pourquoi l’on dit que les âmes sont des rayons de l’Être universel, qu’il est édifié sur lui-même et que les âmes descendent de lui dans les divers animaux[2]. Les choses qui participent à son unité, incapables qu’elles sont de posséder une nature complètement conforme à la sienne, jouissent de la présence de l’Être universel en ce

  1. « Est in Trinitate Spiritus Sanctus… ingenti largitate atque ubertate perfundens omnes creaturas pro captu earum, utordinem suum teneant et locis suis acquiescant. » (S. Augustin, De Trinitate, VI, 10.)
  2. Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § xxxvi ; t. I, p. lxxvi. On retrouve les mêmes idées dans le passage suivant d’Ibn-Gébirol : « Si tu réfléchis que la substance simple est infinie, si tu considères sa force, si tu examines sa faculté de pénétrer et de s’enfoncer dans la chose qu’elle rencontre et qui est disposée à la recevoir, et si tu établis une comparaison entre elle et la substance corporelle, tu trouveras que la substance corporelle ne peut pas être partout et qu’elle est trop faible pour pénétrer dans les choses ; mais tu trouveras que la substance simple, c’est-à-dire la substance de l’Âme universelle, pénètre le monde entier et t’y enfonce, et tu trouveras de même que la substance de l’intellect pénètre le monde entier et s’y enfonce. La cause en est dans la subtilité de chacune de ces deux substances, dans leur force et dans leur lumière ; c’est pourquoi la substance de l’intellect s’enfonce dans l’inté-