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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/372

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LIVRE QUATRIÈME.

sens qu’elles jouissent de la présence de quelqu’une de ses puissances. Elles ne sont cependant pas entièrement séparées de lui, parce qu’il n’est pas séparé de la puissance qu’il communique à chacune d’elles. Si elles n’ont pas plus, c’est qu’elles n’étaient pas capables de recevoir davantage par la présence de l’Être tout entier. Évidemment, il est toujours présent tout entier là où toutes ses puissances sont présentes ; il reste néanmoins séparé : car s’il devenait la forme de tel ou tel être, il cesserait d’être universel, de subsister partout en lui-même, il serait l’accident d’un autre être. Donc, puisqu’il n’appartient à aucune des choses, même de celles qui aspireraient à s’identifier avec lui, il les fait jouir de sa présence quand elles le désirent et dans la mesure où elles en sont capables ; mais il n’appartient à aucune en particulier[1]. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit présent dans toutes choses puisqu’il n’est présent dans aucune de manière à appartenir à elle seule. Il est raisonnable d’affirmer aussi que, si l’Âme partage les passions du corps, c’est seulement par accident, qu’elle demeure en

    rieur des choses et y pénètre. À plus forte raison s’ensuit-il de ce raisonnement que la force de Dieu (qu’il soit glorifié et sanctifié) pénètre tout, environne tout et agit dans tout sans l’intervention du temps. » (Source de la Vie, liv. III ; trad. de M. Munk, Mélanges de Philosophie juive et arabe, p. 44.)

  1. On peut rapprocher de ce passage de Plotin les lignes suivantes de S. Augustin : « Quum igitur qui ubique est non in omnibus habitet, etiam in quibus habitat non æqualiter habitat… Quomodo ergo verum supra diximus quod Deus ubique sit totus, quando in aliis est amplius, in aliis minus ? Sed non est negligenter intuendum quod diximus, in seipso esse ubique totum. Non ergo in eis, quia alii plus eum capiunt, alii minus. Ideo enim ubique esse dicitur, quia nulii parti rerum absens est ; ideo totus, quia non parti rerum partem suam præsentem præbet, et alteri parti alteram partem, æquales æqualibus, minori vero minorem, majorique majorem ; sed non solum universitati creaturæ, verum etiam cuilibet parti ejus totus pariter adest. » (Lettre clxxxvii, De la présence de Dieu, § 17.)