ici et une partie là, comment se diviserait l’Être qui n’est pas ici et là ? Par conséquent, l’Être incorporel doit rester en lui-même indivisible, quoique la multitude des choses aspire à s’unir à lui et y parvienne. Si elles aspirent à le posséder, elles aspirent à le posséder tout entier, en sorte que, si elles parviennent à participer à cet Être, elles participent à cet Être tout entier autant qu’elles le peuvent. Toutefois les choses qui participent à cet Être doivent participer à lui comme si elles n’y participaient pas, en ce sens qu’il n’appartient en propre à aucune d’elles. C’est ainsi que cet Être demeure tout entier en lui-même et dans les choses dans lesquelles il se manifeste ; s’il ne demeurait pas entier, il ne serait plus lui-même, les choses ne participeraient plus à l’Être auquel elles aspirent, mais à un autre être auquel elles n’aspirent pas.
IX. Si cette unité [de l’Âme universelle] se divisait en une multitude de parties telles que chacune ressemblât à l’unité totale, il y aurait une multitude d’êtres premiers : car chacun de ces êtres serait premier. Comment distinguerait-on alors les uns des autres tous ces êtres premiers, pour qu’ils ne se confondissent pas tous en un seul ? Ils ne seraient point séparés par leurs corps : car des êtres premiers ne sauraient être les formes des corps, puisqu’ils seraient semblables à l’Être premier qui est leur principe. D’un autre côté, si les choses qu’on nomme des parties étaient des puissances de l’Être universel, d’abord chaque chose ne serait plus l’unité totale ; ensuite, il y aurait lieu de se demander comment ces puissances se sont séparées de l’Être universel et l’ont abandonné[1] : car si elles l’ont abandonné, c’est évidemment en allant quelque part[2]. — Il y aurait lieu de se demander également si les puissances qui sont dans le monde sensible sont encore ou non dans l’Être universel.