Aller au contenu

Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE CINQUIÈME.
L’ÊTRE UN ET IDENTIQUE EST PARTOUT PRÉSENT TOUT ENTIER, II.

I. Qu’un principe un en nombre et identique soit partout présent tout entier, c’est une conception commune de l’intelligence humaine : car tous disent instinctivement que le Dieu qui habite en chacun de nous[1] est dans tous un et identique[2]. Ne demandez pas aux hommes qui tiennent ce langage d’expliquer de quelle manière Dieu est présent en nous, et n’entreprenez pas de soumettre leur opinion à l’examen de la raison : ils affirmeront qu’il en est ainsi, et, se reposant dans cette conception qui est le fruit spontané de leur entendement, ils s’attacheront tous à quelque chose d’un et d’identique, et ils refuseront de renoncer à cette unité. C’est là le principe le plus solide de tous, principe que nos âmes nous murmurent tout bas, qui n’est pas tiré de l’observation des choses particulières[3], mais qui nous

  1. Voy. les paroles prononcées par Plotin mourant, dans notre tome I, p. 3.
  2. Ce passage de Plotin est cité par le P. Thomassin (Dogmata theologica, t. I, p. 2), qui le rapproche de passages analogues de Cicéron (Tusculanes, I, 16 ; De la Nature des Dieux, I, 1), de Maxime de Tyr (Dissertation xvii, § 5) et de Simplicius (Commentaire sur Épictète, xxxi). On trouve aussi la même idée exprimée de la même manière dans un grand nombre d’auteurs chrétiens. Nous nous bornerons à citer ces lignes de saint Augustin : « Hæc est enim vis veræ divinitatis, ut creaturæ rationali jam ratione utenti non omnino ac penitus possit abscondi. Exceptis enim paucis in quibus natura nimium depravata est, universum genus humanum Deum mundi hujus fatetur auctorem. » (Tractatus in Joannem.)
  3. Nous ajoutons la négation avec Ficin.