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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/455

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SIXIÈME ENNÉADE.

monde intelligible, en tant qu’ils sont animaux et que le monde intelligible est l’Animal universel : car l’homme, même ici-bas, est une partie de l’Animal, en tant qu’il est lui-même animal et que l’Animal est universel ; les autres animaux sont également dans l’Animal, en tant que chacun d’eux est animal.

De même, l’Intelligence, en tant qu’Intelligence, contient toutes les intelligences individuelles en qualité de parties[1] ; or celles-ci forment un nombre ; par conséquent, le nombre qui est dans l’Intelligence n’occupe pas le premier degré. En tant que le nombre est dans l’Intelligence, il est égal à la quantité des actes de l’Intelligence ; or, ces actes sont la sagesse, la justice, et les autres vertus, enfin la science et toutes les essences dont la possession fait de l’Intelligence l’Intelligence véritable. Comment donc [si la science existe dans l’Intelligence] se peut-il qu’elle ne soit pas là dans un principe autre qu’elle-même ? C’est que, dans l’Intelligence, ce qui sait, ce qui est su et la science sont une seule et même chose ; et il en est de même en elle pour tout le reste. C’est pourquoi chaque essence existe au premier degré dans l’Intelligence ; en elle la justice, par exemple, n’est pas un accident, quoiqu’elle soit un accident dans l’âme, en tant qu’âme : car les intelligibles sont en puissance dans l’âme [tant qu’elle demeure simplement âme], et ils sont en acte quand l’âme s’élève à l’Intelligence et habite avec elle[2].

Outre l’Intelligence, et antérieurement à elle, existe l’Être ; il contient le Nombre, avec lequel il engendre les êtres : car il les engendre en se mouvant selon le Nombre[3], consti-

  1. Voy. Enn. IV, liv. VIII, § 3 ; t. II, p. 482.
  2. Voy. Enn. IV, liv. IV, § 5 ; t. II, p. 337.
  3. « Mundus ille divines ideo perfectum Animal est, quia universum jam possidet numerum animalium. Talem vero animalium numerum habet, quia Numerum Ipsum simpliciter universum habet. Illic igitur ipse simpliciter Numerus, tam animalia omnia, tum perfectionem illius mundi præ-