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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/47

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SOMMAIRES.



LIVRE CINQUIÈME.
L’ÊTRE UN ET IDENTIQUE EST PARTOUT PRÉSENT TOUT ENTIER, II

(I) Tous les hommes admettent que l’Être un et identique est partout présent tout entier : car tous disent instinctivement que Dieu est présent en chacun d’eux un et identique. Si l’on considère d’ailleurs les êtres en général, on voit qu’ils aspirent tous à l’unité. Or cette unité, c’est l’Être universel ; il est près de nous, et nous sommes en lui. Tous les êtres ne font donc qu’un, en ce sens qu’ils sont tous contenus dans l’Être un et identique, qu’ils l’ont pour principe unique de leur existence.

(II-III) Pour concevoir l’Être universel, il faut tirer de l’intelligence les principes de la démonstration qu’on veut donner : car toute démonstration rationnelle doit partir de la définition de l’essence. En appliquant ici cette méthode, on voit que l’Être intelligible, étant essentiellement être, ne saurait être dans aucune autre chose que lui-même, ni laisser rien écouler de sa substance. Il produit donc les êtres inférieure sans sortir de lui-même, et ceux-ci participent à lui dans la mesure où ils en sont capables. C’est en ce sens qu’il est partout à la fois tout entier. Telle est la nature de l’Être intelligible déduite de la seule étude de son essence.

(IV-V) La raison nous conduit à admettre que Dieu est partout ; donc il n’est pas divisé : car il s’anéantirait dans cette division. Il en résulte que sa nature est infinie puisqu’elle n’a pas de bornes et que rien ne lui manque. Tous les êtres dépendent de l’Un et se rapportent à lui comme des rayons au centre dont ils partent. De même, les essences et les puissances intelligibles, qui n’admettent pas de séparation comme des rayons, sont autant de centres qui sont unis au centre commun, c’est-à-dire à l’un, tout en restant distincts par leur essence.

(VI) Les intelligibles forment une multitude aussi bien qu’une unité parce que leur nature est infinie. Il y a unité dans la multitude, et multitude dans l’unité. Ainsi l’existence de l’homme sensible a rendu multiple l’essence de l’homme idéal. Cette présence de l’unité dans la multitude n’est pas analogue à l’extension de la blancheur, mais à la présence de l’âme dans toutes les parties du corps.

(VII) Nous pouvons ramener à l’Être universel notre être propre, puisque nous tenons de lui l’existence. Ainsi, nous pensons les intelligibles sans nous les représenter par des images parce que nous sommes les intelligibles mêmes. Tous ensemble nous sommes cet Être universel. Dès que nous reportons nos regards sur lui, nous n’apercevons plus de limites à notre existence.

(VIII) Pour comprendre comment les choses sensibles participent du monde intelligible, il ne faut pas concevoir d’un côté la matière, de l’autre les idées, dont la lumière rayonne sur elle. Nous employons cette métaphore seulement pour faire entendre que les choses sensibles sont des images des choses intelli-