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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/507

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SIXIÈME ENNÉADE.

dans les êtres qui la reçoivent (autre chose est en effet ce qui constitue le premier acte, autre chose ce qui est accordé au premier acte) ; de cette manière, ce qui est dans les choses dont nous parlons est déjà différent. Rien n’empêche que le caractère qui se trouve dans toutes ces choses [dans la Vie, l’Intelligence, l’Idée] ne soit la forme du Bien, mais cette forme existe à des degrés divers dans chacune d’elles.

Dans laquelle de ces choses la forme du Bien se trouve-t-elle au plus haut degré ? — Pour résoudre cette question, il faut d’abord examiner celle-ci : La vie est-elle bonne par cela seul qu’elle est vie, fût-elle la vie pure et simple ? Ne doit-on pas plutôt appeler proprement vie la Vie qui provient du Bien, en sorte que procéder du Bien ne soit autre chose qu’être une telle vie ? De quelle nature est donc cette Vie ? Est-ce la vie du Bien ? — La Vie n’appartient pas au Bien : elle en provient seulement. Si la Vie a pour caractère de provenir du Bien et qu’elle soit la Vie véritable, il en résulte que rien de ce qui procède du Bien n’est méprisable, que la Vie doit en tant que vie être regardée comme bonne, qu’il en est de même de l’Intelligence première et véritable, et qu’enfin chaque idée est bonne et porte la forme du Bien. S’il en est ainsi, chacune de ces choses [la Vie, l’Intelligence, l’Idée] possède un bien qui est ou commun, ou différent, ou qui a des degrés divers. Puisque nous avons admis que chacune des choses dont nous parlons a dans son essence un bien, c’est par ce bien qu’elle est bonne. Ainsi, la Vie est un bien, non en tant qu’elle est simplement la Vie, mais en tant qu’elle est la Vie véritable et qu’elle procède du Bien ; l’Intelligence est également un bien en tant qu’elle est essentiellement l’Intelligence ; il y a donc dans la Vie et l’Intelligence quelque chose d’identique. En effet, quand une seule et même chose est affirmée d’êtres différents, bien qu’elle fasse partie intégrante de leur essence, on peut l’en abstraire par la pensée : c’est ainsi que de l’homme et du cheval on peut abstraire l’animal, de l’eau et