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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/508

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LIVRE SEPTIÈME.

du feu la chaleur ; mais ce qui est commun dans ces êtres est un genre, tandis que ce qui est commun dans l’Intelligence et la Vie, c’est une seule et même chose qui se trouve dans l’une au premier degré et dans l’autre au second.

Quand la Vie, l’Intelligence et les Idées sont appelées bonnes, est-ce par une simple homonymie ? Le Bien constitue-t-il leur essence, ou chacune d’elles est-elle bonne prise dans sa totalité ? — Mais le Bien ne saurait constituer l’essence de chacune d’elles. — Sont-elles donc les parties du Bien ? — Mais le Bien est indivisible. Quant aux choses qui sont au-dessous de lui, elles sont bonnes pour des raisons diverses. L’acte premier [qui procède du Bien] est bon[1] ; la détermination qu’il reçoit est également bonne, et l’ensemble de ces deux choses est bon. L’acte est bon parce qu’il procède du Bien ; la détermination, parce qu’elle est une perfection émanée du Bien ; le composé de l’acte et de la détermination, parce qu’il est leur ensemble. Toutes ces choses proviennent ainsi d’un seul et même principe, et cependant elles sont différentes. C’est ainsi que [dans un chœur] la voix et la marche procèdent d’une seule et même chose, en tant qu’elles sont bien réglées. Or elles sont bien réglées parce qu’il y a en elles de l’ordre et du rhythme. Qu’y a-t-il donc dans les choses dont nous parlons pour qu’elles soient bonnes ? — Mais, nous dira-t-on peut-être, si la voix et la marche sont bien réglées, elles le doivent chacune tout entière à un principe extérieur, puisqu’ici l’ordre s’applique à des choses qui diffèrent l’une de l’autre. Au contraire, les choses dont nous parlons sont bonnes chacune en elle-même. — Pourquoi donc sont-elles bonnes ? Il ne suffit pas de dire qu’elles sont bonnes parce qu’elles procèdent du Bien. Sans doute il faut accorder qu’elles sont précieuses dès qu’elles procèdent du Bien, mais la raison

  1. Sur le mouvement qui est émané du Bien et a constitué l’Intelligence, Voy. ci-dessus § 16, p. 443.