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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/93

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CINQUIÈME ENNÉADE.


L’âme possède en outre la raison discursive (τὸ λογιζόμενον (to logizomenon)) : celle-ci juge les représentations sensibles, les combine et les divise ; elle considère aussi sous forme d’images les conceptions qui lui viennent de l’intelligence, et opère sur ces images comme sur les images fournies par la sensation ; enfin, elle est encore la puissance de comprendre, puisqu’elle discerne les nouvelles images des anciennes, et qu’elle les accorde entre elles en les rapprochant, d’où dérivent nos réminiscences[1].

Voilà jusqu’où va la puissance intellectuelle de l’âme. Est-elle capable en outre de se tourner vers elle-même et de se connaître, ou faut-il s’élever jusqu’à l’intelligence pour trouver cette connaissance ? Si nous accordons cette connaissance à la partie intellectuelle de l’âme, nous en ferons une intelligence, et nous aurons alors à chercher en quoi elle diffère de l’intelligence supérieure. Si nous refusons cette connaissance à cette partie de l’âme, nous nous élèverons par

    sairement la vérité de la connaissance, tandis que leur diversité est la source constante de l’erreur. » (Comm. sur le Phédon, dans les Fragments de Philosophie ancienne de M. Cousin, p. 404.)

  1. Voy. les Éclaircissements, t. II, p. 572. On peut rapprocher aussi de ces lignes le passage suivant d’Olympiodore : « Le raisonnement est l’intelligence déductive ; or, sous ce rapport, il est inférieur à l’intelligence pure ; mais, en tant qu’intelligence, il est supérieur à la sensibilité et à l’imagination. Il est la raison en action : d’un côté, il aspire à l’intelligence et réfléchit la lumière de la vérité intelligible ; de l’autre, il s’abaisse vers la connaissance déraisonnable et s’obscurcit des ténèbres de l’erreur, inséparable de la sensibilité… Le raisonnement ne tient point du corps, dont la nature est de tout ignorer ; au contraire, la sensation tient du corps. Le raisonnement vise à la connaissance des causes ; mais il n’appartient pas même à la sensation de les chercher. L’un est à la suite de l’être, l’autre est la messagère des passions ; celui-ci est de l’âme à l’âme elle-même ; celle-là est de l’âme aux choses étrangères. Aussi la connaissance y est-elle interrompue par la division. » (Comm. sur le Phédon, dans les Fragments de Philosophie ancienne de M. Cousin, p. 432.)