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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/117

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NICIAS.

taché à sa maison, et que, tout en paraissant le consulter sur les affaires publiques, il ne le consultait le plus souvent que sur ses affaires particulières et principalement ses mines d’argent. Il en possédait à Laurium[1], dont il tirait des revenus considérables, mais qu’il n’exploitait qu’avec de grands dangers pour les travailleurs : il y entretenait, pour cet effet, un grand nombre d’esclaves ; et l’argent qu’il en retirait formait sa principale richesse. Aussi une foule de personnes l’entouraient-elles sans cesse, demandant et recevant ; car il donnait tout autant à ceux qui étaient capables de mal faire qu’à ceux qui méritaient qu’on leur fît du bien. Sa faiblesse était un revenu sûr pour les méchants, comme sa libéralité pour les honnêtes gens. Nous en trouvons la preuve même dans les vers des auteurs comiques. On lit dans Téléclide[2] ce passage contre un sycophante :

Chariclès ne lui a pas donné une mine[3] pour l’obliger à ne pas dire
Que lui, Chariclès, est sorti de la gibecière maternelle avant ses frères.
Mais Nicias fils de Nicératus lui a donné quatre mines.
Pourquoi il les lui a données, je le sais très-bien,
Mais ne le dirai pas ; car Nicias est mon ami et me paraît homme de sens.


Eupolis[4] introduit, dans son Barica[5], un autre sycophante s’entretenant avec un homme paisible et pauvre :

LE SYCOPHANTE.

Combien y a-t-il de temps que tu n’as parlé à Nicias ?

  1. Dème ou bourg de l’Attique, à peu de distance du cap Sunium.
  2. Poëte de l’ancienne comédie, contemporain de Nicias.
  3. Cent drachmes, ou environ quatre-vingt-dix francs de notre monnaie.
  4. Poëte de l’ancienne comédie
  5. Suivant Hésychius, c’est un nom barbare qui signifie mou, efféminé.