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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/278

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restés auprès de lui, pour tenter quelque entreprise. Il ne réussit, à l’aide des préparatifs que Sertorius avait faits, qu’à se couvrir de honte, et à faire voir qu’il n’était pas plus capable de commander que d’obéir. Il livra bataille à Pompée, qui eut bientôt détruit toutes ses forces. Fait prisonnier, il ne soutint pas même sa dernière infortune avec la dignité d’un général. Il avait en son pouvoir les papiers de Sertorius : il offrit à Pompée de lui montrer des lettres de la main de plusieurs consulaires, et de personnages des plus puissants, par lesquelles on appelait Sertorius en Italie, en lui faisant entendre qu’il y trouverait bien des gens disposés à favoriser une révolution dans l’État. Pompée fit acte, en cette occasion, non point de jeune homme, mais d’esprit mûr et rassis, et il préserva Rome de grandes frayeurs et de grands bouleversements. Il rassembla ces lettres et tous les papiers de Sertorius, et il les brûla, sans les lire ni les laisser lire à personne. Il fit sur-le-champ mourir Perpenna, de peur qu’il ne révélât à quelqu’un les noms de ceux qui avaient écrit ces lettres, et qu’il ne donnât lieu à des séditions et à des troubles. Quant aux complices de Perpenna, les uns furent amenés à Pompée et mis à mort ; et les autres, qui s’étaient réfugiés en Afrique, furent tués à coups de traits par les Maurusiens. Pas un n’échappa, hormis Aufidius, le rival de Manlius. Soit qu’il ne fût pas connu, soit qu’on le méprisât, il vieillit dans une bourgade de Barbares, pauvre et détesté de tout le monde.