Aller au contenu

Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


COMPARAISON
D’EUMÈNE ET DE SERTORIUS.


Voilà ce que nous avons recueilli de mémorable touchant Eumène et Sertorius. Leur parallèle nous offre ce trait de conformité, qu’étrangers l’un et l’autre, et bannis de leur patrie, ils ont commandé, durant toute leur vie, à des nations diverses, à des armées aussi nombreuses qu’aguerries. Mais Sertorius a cela de particulier, que tous les alliés lui cédèrent volontiers une autorité dont ils le jugeaient le plus digne ; Eumène, au contraire, ne dut qu’à ses exploits la première place, qui lui était disputée par plusieurs rivaux. Ainsi, l’un était suivi par des gens qui voulaient un homme capable de commander ; et ceux qui obéissaient à l’autre ne le faisaient que parce qu’ils étaient incapables eux-mêmes du commandement, et que pour leur propre intérêt. Sertorius, citoyen de Rome, a sous ses ordres des Espagnols et des Lusitaniens : Eumène, Chersonésitain, des Macédoniens ; mais les premiers étaient depuis longtemps sous le joug de Rome, et les autres avaient soumis au leur tout l’univers. Sertorius parvint au commandement à la faveur de la réputation qu’il devait à sa dignité de sénateur et à ses talents militaires. Eumène y arriva, méprisé à cause de sa charge de secrétaire d’Alexandre : aussi eut-il pour