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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/308

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marcha contre Corinthe, et il s’empara des longues murailles du côté de la terre, tandis que Téleutias s’en rendait maître du côté de la mer. Les Argiens, qui occupaient alors Corinthe, étaient en ce moment occupés à célébrer les jeux isthmiques. Ils venaient de sacrifier au dieu[1] lorsqu’Agésilas parut : il les chassa, et les força d’abandonner tous les préparatifs de la fête. Ceux des exilés de Corinthe qui se trouvaient présents le prièrent de présider les jeux ; mais il refusa : eux-mêmes ils les présidèrent et en accomplirent la célébration ; et il resta pour qu’ils pussent le faire en sûreté. Ensuite, lorsqu’il fut parti, les Argiens recommencèrent la célébration des jeux isthmiques : quelques-uns des athlètes qui avaient remporté le prix dans la première célébration vainquirent encore ; mais il y en eut qui, vainqueurs la première fois, furent la seconde fois portés comme vaincus sur les registres. Là-dessus Agésilas fit remarquer que les Argiens s’accusaient eux-mêmes d’une bien grande lâcheté, puisque, regardant comme un honneur si auguste et si grand la présidence des jeux, ils n’avaient pas osé combattre pour cet honneur.

Quant à lui il pensait que l’on doit garder un juste milieu dans ces sortes de choses. Il aimait à orner les chœurs et les jeux que l’on célébrait à Sparte ; il y assistait toujours avec tout l’empressement et le zèle désirables ; et il ne manquait à aucune des luttes des jeunes garçons et des jeunes filles. Mais les autres spectacles dont il voyait épris la plupart des hommes, il faisait semblant de ne pas s’y connaître. Un jour Callippidès, l’acteur tragique, qui était en grand ce nom et estime dans la Grèce, et recherché par tout le monde, le rencontra et le salua d’abord ; puis il se mêla fièrement à ceux qui se promenaient avec lui, cherchant à se faire remarquer, et

  1. Neptune.