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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/312

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se mesurer la grandeur. Après que la paix eut été faite, le roi lui écrivit pour demander à se lier avec lui d’amitié et d’hospitalité : il ne reçut point la lettre, disant que l’amitié publique suffisait, et que, tant qu’elle subsisterait, on n’aurait pas besoin d’amitié particulière. Mais ces beaux sentiments, il ne les observait pas toujours dans ses actions en bien des circonstances ; souvent il se laissa emporter à son ambition et à son opiniâtreté, et particulièrement à sa haine persévérante contre les Thébains. Non content d’avoir sauvé Phœbidas, il persuada à sa patrie de prendre sur elle l’injustice du fait, de retenir la Cadmée, et de nommer chefs suprêmes des affaires et du gouvernement de Thèbes Archidas[1] et Léontidas, par le moyen desquels Phœbidas était entré dans la ville et s’était emparé de la citadelle.

Tout cela fit soupçonner incontinent que si Phœbidas était l’auteur du fait, Agésilas en avait été le conseiller. Les événements qui suivirent rendirent cette opinion incontestable. En effet, lorsque les Athéniens eurent chassé la garnison et délivré la ville, il leur reprocha le meurtre d’Archidas et de Léontidas, qui étaient bien polémarques de nom, mais de fait tyrans ; et il leur déclara la guerre. Agésipolis était mort à cette époque, et Cléombrotus régnait : c’est lui qui fut envoyé en Béotie à la tête d’une armée. Car Agésilas, qui avait passé l’âge de puberté depuis quarante ans, et qui était alors exempt du service militaire, suivant les lois, refusa de se charger de cette expédition, honteux qu’il eut été si, après avoir tout récemment fait la guerre contre les Phliasiens pour des exilés, on l’eût vu malmener les Thébains pour la cause des tyrans.

Or, il y avait un certain Sphodrias, Lacédémonien, du

  1. Xénophon le nomme Archias, et Plutarque lui-même l’appelle ainsi dans la Vie de Pélopidas et dans le Traité du démon de Socrate.