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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/328

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suivant le récit de Dioscoride[1]. Toutefois, les Lacédémoniens appellent encore aujourd’hui Machériones les descendants d’Anticratès ; ce qui prouverait que c’est de son épée qu’il le frappa[2]. On fut si étonné, si joyeux, vu la frayeur qu’inspirait Épaminondas pendant sa vie, qu’on décerna à Anticratès des honneurs et des présents, et qu’on affranchit sa postérité de tout impôt, privilège dont jouit encore de nos jours Cailicrate, un des descendants d’Anticratès.

Après cette bataille et la mort d’Épaminondas, les Grecs firent une paix générale. Mais Agésilas voulut exclure du traité les Messéniens, sous prétexte qu’ils n’avaient pas de ville. Les autres peuples ayant compris les Messéniens dans le traité et reçu leur serment, les Lacédémoniens se séparèrent d’eux, et continuèrent seuls la guerre, dans l’espérance de recouvrer la Messénie. Aussi Agésilas passa-t-il pour un homme violent, entêté, insatiable de guerres, qui s’en allait minant par tous les moyens et renversant cette paix générale, et qui, faute d’argent, se mettait dans la nécessité de vexer ses amis et ses concitoyens par des emprunts et des taxes onéreuses. N’aurait-il pas dû, disait-on, puisque les circonstances le permettaient, se dégager d’une position mauvaise, au lieu de faire feu des quatre pieds pour recouvrer les terres et les revenus de la Messénie, après avoir laissé tomber de ses mains une puissance si grande, la domination de tant de villes, l’empire de la terre et de la mer ?

Il se déshonora plus encore en se vendant à Tachos, général des Égyptiens. Certes on ne pouvait trouver beau pour un homme réputé le plus brave de la Grèce, et qui

  1. Philosophe stoïcien, qui avait fait un traité sur la république de Sparte.
  2. Μαχαιρίων vient de μάχαιρα, épée.