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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/365

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au-dessus de l’assemblée, en fut étourdi, et tomba au milieu de la foule[1] : ce qui prouve que ce n’est pas la rupture et la séparation de l’air violemment agité qui fait glisser les oiseaux quand ils tombent à terre, mais bien le coup dont les frappent ces clameurs, qui, lancées avec force, excitent dans l’air un ébranlement, une agitation soudaine.

L’assemblée se retira sans rien conclure. Le jour qu’on devait donner les suffrages, Pompée s’en alla secrètement à la campagne ; mais, dès qu’il sut que le décret avait été confirmé, il rentra de nuit dans Rome, pour éviter l’envie qu’aurait excitée l’empressement du peuple à aller à sa rencontre.

Le lendemain, à la pointe du jour, Pompée sortit pour sacrifier aux dieux ; et, le peuple s’étant assemblé, il obtint presque le double de ce que le décret lui accordait pour ses préparatifs de guerre. On équipa cinq cents navires, et on mit sur pied vingt mille hommes d’infanterie et cinq mille chevaux. On choisit, pour commander sous les ordres de Pompée, vingt-quatre sénateurs, tous anciens généraux ou personnages prétoriens, et on y ajouta deux questeurs. Le prix des denrées baissa incontinent ; et le peuple satisfait en prit occasion de dire que le nom seul de Pompée avait déjà terminé la guerre. Quoi qu’il en soit, Pompée divisa d’abord les mers en diverses régions, et forma dans la mer Intérieure treize départements, à chacun desquels il assigna une escadre avec un commandant ; et, par cette vaste dispersion de ses forces navales, il enveloppa, comme dans un filet, tous les vaisseaux des corsaires ; puis il se hâta de leur donner la chasse, et les amena dans ses ports. Ceux qui l’avaient prévenu et lui avaient échappé en se séparant,

  1. Voyez un fait analogue dans la Vie de Flamininus dans le deuxième volume.