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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/366

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cherchaient une retraite en divers endroits de la Cilicie, comme des essaims d’abeilles dans leurs ruches : il se disposa à les poursuivre avec soixante de ses meilleurs vaisseaux ; mais il ne voulut partir qu’après avoir purgé de tous les brigands qui les infestaient les mers d’Étrurie, d’Afrique, de Sardaigne, de Corse et de Sicile. Il n’y employa que quarante jours, mais en payant de sa personne avec un courage infatigable, et secondé par le zèle dévoué de ses lieutenants.

Cependant, à Rome, le consul Pison, transporté de colère et d’envie, cherchait à ruiner les préparatifs de Pompée, et congédiait les rameurs. Pompée envoya toute la flotte à Brundusium, et se rendit lui-même à Rome, par l’Étrurie Dès qu’on y fut informé de son arrivée, le peuple sortit en foule au-devant de lui, comme s’il y eût eu longtemps qu’il l’avait conduit hors de la ville à son départ. Ce qui causait la joie, c’était le changement aussi prompt qu’inespéré qui avait rempli le marché de vivres en abondance. Aussi Pison risqua-t-il d’être déposé du consulat : Gabinius en avait déjà dressé le décret ; mais Pompée empêcha qu’il ne fut proposé, et, après avoir réglé sagement toutes les affaires, et pourvu à ses besoins, il descendit à Brundusium, et mit à la voile. Quoique pressé par le temps, et bien qu’il s’abstint, dans sa course rapide, de visiter aucune ville sur son passage, il s’arrêta pourtant à Athènes. Il débarqua, fit des sacrifices aux dieux, salua le peuple, et s’en retourna. En sortant, il lut des inscriptions a sa louange, et qui n’avaient chacune qu’un seul vers. L’une, en dedans de la porte disait :

Plus tu te crois homme, plus tu es Dieu ;


l’autre, en dehors :

Nous t’attendions, nous t’honorions ; nous t’avons vu, nous te reconduisons.