Aller au contenu

Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/502

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ma reconnaissance. » En finissant ces mots, il prit la main de Polystratus, et il expira. Alexandre arriva dans ce moment, et donna les marques d’une vive douleur ; il détacha son manteau, et en enveloppa le corps. Dans la suite, s’étant saisi de Bessus, il le punit du dernier supplice : il fit courber, avec effort, deux arbres droits l’un vers l’autre ; on attacha à chacun des arbres une partie du corps de Bessus, et on laissa reprendre aux deux arbres leur situation naturelle : ils se redressèrent avec violence, et emportèrent chacun les membres qui y étaient attachés. Alexandre ordonna ensuite qu’on embaumât le corps de Darius avec toute la magnificence due à son rang ; après quoi il le renvoya à sa mère, et reçut son frère Oxathrès au nombre de ses amis.

Il descendit dans l’Hyrcanie avec l’élite de son armée. Il y vit une mer[1] qui paraissait aussi grande que le Pont-Euxin, mais dont l’eau était plus douce que celle des autres mers. Il ne put obtenir, sur la nature de cette mer, aucun renseignement certain : il conjectura seulement que c’était un lac formé par l’écoulement du Palus-Méotide. Cependant les physiciens ont connu, à cet égard, la vérité ; car, bien des années avant l’expédition d’Alexandre, ils ont rapporté que cette mer, nommée Hyrcanienne ou Caspienne, est le plus septentrional des quatre golfes que forme la mer extérieure en s’enfonçant dans les terres[2]. Ce fut là que quelques Barbares, ayant rencontré ceux qui conduisaient son cheval Bucéphale, le leur enlevèrent. Cette perte l’affecta vivement : il envoya sur-le-champ un héraut les menacer, s’ils ne lui renvoyaient son cheval, de les passer tous au

  1. La mer Caspienne, aussi nommée mer d’Hyrcanie.
  2. Ceci est faux : cette mer n’est qu’un lac immense, et ne communique point avec l’Océan ; elle n’est pas non plus formée par un écoulement du Palus-Méotide, mais par des fleuves qui lui sont propres.