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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/562

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personne contre les Tigurins : il envoya à sa place Labiénus[1], qui les tailla en pièces sur les bords de l’Arar[2]. Il conduisait lui-même son corps d’armée vers une ville alliée[3], lorsque les Helvétiens tombèrent sur lui à l’improviste. Il pressa la marche, et se mit à couvert dans un lieu fort d’assiette, où il rassembla ses troupes et les rangea en bataille. Lorsqu’on lui amena le cheval qu’il devait monter : « Je m’en servirai, dit-il, après la victoire, pour poursuivre les fuyards ; maintenant, marchons aux ennemis. » Et il alla les charger à pied. Il lui en coûta beaucoup de temps et de peine pour enfoncer leurs bataillons ; mais le plus rude effort, ce fut d’enlever leur camp. Outre qu’ils avaient formé avec les chariots un retranchement où s’étaient ralliés ceux qu’il avait rompus, les enfants et les femmes s’y défendirent avec le dernier acharnement : ils se firent tous tailler en pièces ; et le combat finit à peine au milieu de la nuit. César ajouta à l’éclat de cette victoire un acte plus glorieux encore : il réunit tous les Barbares qui avaient échappé au carnage, et les fit retourner dans le pays qu’ils avaient quitté, pour rétablir les villes qu’ils avaient détruites : ils étaient plus de cent mille. Son motif, pour agir ainsi, c’était d’empêcher les Germains de passer le Rhin et de s’emparer de ce pays sans habitants.

La seconde guerre qu’il entreprit eut pour objet de défendre les Celtes contre les Germains. Il avait fait, quelque temps auparavant, reconnaître Ariovistus, leur roi, pour allié des Romains ; mais c’étaient des voisins insupportables pour les peuples qu’avait soumis César :

  1. César dit pourtant lui-même qu’il avait laissé Labiénus en Helvétie, pour garder le retranchement qui joignait le lac de Genève au mont Jura, et qu’il alla lui-même attaquer les Tigurins, ei leur tua une grande partie de leur armée.
  2. Aujourd’hui la Saône.
  3. Bibracte, aujourd’hui Autun.