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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/571

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ceaux de neige, ou couverts de marais et d’eaux débordées, étaient impossibles à reconnaître. Aussi les rebelles ne s’attendaient nullement à se voir attaqués par César. Beaucoup de nations, s’étaient révoltées ; les plus considérables étaient les Arvernes[1] et les Carnutes[2] : on avait investi de tout le pouvoir militaire Vercingentorix, dont les Gaulois avaient massacré le père, parce qu’ils le soupçonnaient d’aspirer à la tyrannie.

Vercingentorix divisa son armée en plusieurs corps, établit plusieurs capitaines, et fit entrer dans cette ligue tous les peuples des environs, jusqu’à l’Arar : son dessein était de faire prendre d’un seul coup les armes à toute la Gaule, pendant qu’à Rome se préparait un soulèvement contre César. Que si, en effet, il eût différé son entreprise jusqu’à ce que César eût eu sur les bras la guerre civile, il eût rempli l’Italie d’épouvante, à l’égal de ce qu’avaient fait autrefois les Cimbres. Dans cette conjoncture, César, qui tirait parti de tous les avantages que la guerre peut offrir, et qui surtout savait profiter du temps, n’eut pas plutôt appris la révolte, qu’il leva le camp, et marcha sur l’ennemi. Il reprit les mêmes chemins qu’il avait déjà tenus, faisant voir aux Barbares, par sa course impétueuse, dans un hiver si rigoureux, qu’ils avaient en tête une armée invincible, à laquelle rien ne pouvait résister. Car, là où il eût été incroyable qu’un simple courrier arrivât à force de temps, du point d’où César était parti, ils l’y voyaient arrivé lui-même, avec toute son armée, pillant et ravageant leur pays, détruisant leurs places fortes, et recevant ceux qui venaient se rendre à lui. Mais, quand les Éduens[3], qui jusqu’alors s’étaient

  1. Auvergne.
  2. Chartres, Orléans, Blois, Vendôme, etc.
  3. Entre la Loire, la Saône et la Seine : Autun, Lyon, Mâcon, Nevers, etc.