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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/572

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appelés eux-mêmes les frères des Romains, et qui en avaient été traités avec des honneurs particuliers, se déclarèrent contre César, et entrèrent dans la ligue des révoltés, le découragement se jeta parmi ses troupes. César fut donc obligé de décamper de chez eux, et de traverser le pays des Lingons[1], pour entrer dans celui des Séquanais, amis des Romains, et plus voisins de l’Italie que le reste de la Gaule. Là, pressé par les ennemis, enveloppé par une armée innombrable, il pousse en avant avec tant de vigueur, qu’après un combat long et sanglant, il a partout l’avantage, et met en fuite les Barbares. Il semble néanmoins qu’il y reçut d’abord quelque échec ; car les Arvernes montrent une épée suspendue dans un temple, comme une dépouille prise sur César. Il l’y vit lui-même dans la suite, et ne fit que sourire : ses amis l’engageaient à la faire ôter ; mais il ne le voulut pas, la regardant comme une chose sacrée.

Le plus grand nombre de ceux qui s’étaient sauvés par la fuite se retirèrent avec leur roi dans la ville d’Alésia[2]. César fit le siège de cette ville, que la hauteur de ses murailles et la multitude des troupes qui la défendaient faisaient regarder comme imprenable. Pendant ce siège, il se vit dans un danger dont aucun discours ne saurait donner une idée. Ce qu’il y avait de plus brave parmi toutes les nations de la Gaule, s’étant rassemblé au nombre de trois cent mille hommes, vint en armes au secours d’Alésia ; et les combattants qui étaient renfermés dans la ville ne montaient pas à moins de soixante-dix mille. César, enfermé et assiégé entre deux armées si puissantes, fut obligé de se remparer de deux mu-

  1. Langres en était la capitale.
  2. On en trouve, dit-on, les ruines près de Sainte-Reine, en Bourgogne ; suivant d’autres, il huit la chercher dans le village d’Alise, entre Semur et Saint-Seine.