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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/664

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CATON LE JEUNE.


(De l’an 94 à l’an 46 avant J.-C.)

Caton devait la première illustration et la première gloire de sa famille à Caton, son bisaïeul, lequel devint, par sa vertu, un des hommes les plus renommés et les plus puissants de Rome, ainsi que je l’ai écrit dans sa Vie[1]. Celui dont nous parlons maintenant resta orphelin de père et de mère, avec son frère Cépion et sa sœur Porcie[2]. Il avait aussi une sœur utérine, nommée Servilia. Ils furent tous nourris et élevés dans la maison de Livius Drusus, leur oncle maternel, un de ceux qui menaient alors les affaires de l’État, homme distingué par son éloquence et par sa sagesse, et qui ne le cédait, pour la grandeur d’âme, à aucun des Romains.

On dit que Caton montrait, dès l’enfance, dans le son de sa voix, dans les traits de son visage, et jusque dans ses amusements, un caractère ferme, une âme constante et inflexible. Il se portait a tout ce qu’il voulait foire avec une ardeur au-dessus de son âge. Rude et revêche à ceux qui le flattaient, il se roidissait encore davantage contre ceux qui cherchaient à l’intimider. Il était difficile de l’émouvoir assez pour le faire rire ; et le sourire même n’égayait que rarement son visage. Il n’était ni co-

  1. Cette Vie est dans le deuxième volume.
  2. Caton avait trois sœurs, mais seulement sœurs de mère. L’une d’elles eut pour fils Brutus, celui qui tua César, la seconde fui mariée à Lucullus, et la troisième à Junius Silanus.