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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/723

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entièrement l’Italie, et qu’il était campé à Dyrrachium. « Que les voies de la providence divine, s’écria Caton à cette nouvelle, sont obscures et impénétrables ! Lorsque Pompée ne mettait dans sa conduite ni raison, ni justice, il a toujours été invincible ; aujourd’hui qu’il veut sauver sa patrie, et qu’il combat pour la liberté, le succès l’abandonne. J’ai assez de troupes, ajouta-t-il, pour chasser Asinius de la Sicile ; mais Asinius attend une armée plus nombreuse que celle qu’il a déjà : je ne veux pas ruiner l’île, en attirant la guerre dans son sein. » Il conseilla aux Syracusains de s’attacher au parti le plus fort, afin de se préserver de tout dommage, et il se mit en mer.

Quand il fut auprès de Pompée, il n’eut jamais qu’un même avis, ce fut de traîner la guerre en longueur, dans l’espérance qu’on en viendrait enfin à un accommodement : il voulait prévenir une bataille où Rome, divisée contre elle-même, verrait nécessairement le parti le plus faible passé au fil de l’épée. Il fit adopter par Pompée et par ceux qui formaient son conseil quelques mesures conformes à ce dessein : on défendit de piller aucune ville soumise aux Romains, et de faire périr aucun Romain hors du champ de bataille. Caton se fit beaucoup d’honneur par cette initiative, et attira au parti de Pompée une foule de personnes, charmées de son humanité et de sa douceur.

Il fut envoyé en Asie pour seconder ceux qu’on avait chargés d’y rassembler des vaisseaux et des troupes, et y mena avec lui sa sœur Servilia, et le fils encore enfant qu’elle avait eu de Lucullus ; car Servilia, depuis son veuvage, avait toujours suivi son frère ; et, en se soumettant à la garde de Caton, en partageant volontairement la fatigue de ses voyages et la frugalité de sa vie, elle avait beaucoup affaibli les bruits qui couraient de sa mauvaise conduite. Cependant César n’en reprocha pas