Aller au contenu

Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

mais je connais votre force, et sais garder un silence nécessaire (419-420).

Chez nombre d’hommes la langue n’a point de portes bien ajustées ; ils s’occupent sans cesse de ce qui ne devrait point les occuper. Mieux vaudrait, le plus souvent, renfermer en soi-même le mauvais ; il vaut mieux laisser sortir le bien que le mal (421-424).

De tous les biens, le plus souhaitable pour les habitants de la terre, c’est de n’être point né, de n’avoir jamais vu les éclatants rayons du soleil ; ou bien, ayant pris naissance, de passer le plus tôt possible par la porte de Pluton, de reposer, profondément enseveli sous la terre (425-428).

Engendrer, nourrir un homme est plus facile que de mettre en lui une bonne âme. Nul encore n’a eu cette science, n’a pu changer en sage un insensé, et en bon un méchant. Si les fils d’Esculape avaient reçu de la divinité le don de guérir la méchanceté, de redresser les inclinations perverses, que de riches récompenses n’eussent-ils point obtenues ! Et si la raison était chose qu’on pût créer chez l’homme, qu’on pût y faire entrer, jamais un père, homme de bien, n’aurait un fils qui demeurât méchant, qui ne cédât à la sagesse de ses discours. Mais toutes vos leçons ne feront jamais d’un méchant un homme de bien (429-438).

Insensé qui prend mon esprit sous sa garde, sans se soucier de garder le sien (439-440) !

Nul n’est heureux en toutes choses, mais l’homme de bien sait supporter le mal et le cacher. Pour le méchant, ni dans l’infortune, ni dans la prospérité, il n’est maître de son âme. Des immortels viennent aux mortels des dons de toutes sortes. Acceptons ce qu’ils nous envoient (441-446).