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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/26

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NOTICE SUR HÉSIODE

du Bouclier d’Hercule ne paraissent pas avoir mis en doute l’authenticité de la Théogonie. Avant eux, les anciens, depuis les philosophes de l’Ionie ou ceux d’Élée jusqu’à Hérodote, et depuis Hérodote jusqu’à Aristote, l’avaient proclamée, pendant trois siècles, l’épopée hésiodique par excellence.

Admettons, au surplus, qu’il s’agisse ici d’une authenticité relative, comme celle de l’Odyssée, par exemple. L’essentiel, pour nous, c’est que le poème de la Théogonie représente la plus haute direction et le développement le plus complet de l’école de poésie didactique à laquelle il se rattache. Or il en est ainsi, pour le fond qui renferme un enseignement bien autrement élevé que celui des Œuvres et Jours, pour la forme qui est infiniment plus poétique que celle de ce dernier ouvrage. On serait tenté d’y voir, sous ce rapport surtout, l’influence de la poésie homérique et presque un essai de transaction entre les deux écoles.

La Théogonie, au sens que nous venons d’indiquer, est donc à nos yeux comme à ceux des anciens, l’œuvre capitale d’Hésiode. Que penser maintenant des assertions de la critique moderne qui, se plaçant en dehors de toute histoire, et ne tenant aucun compte de cette longue élaboration poétique des traditions par laquelle Homère et Hésiode devinrent non seulement possibles, mais nécessaires, détruit l’unité de leur œuvre quelconque, méconnaît son caractère d’art ou en fait honneur à une autre époque, et va même jusqu’à nier leur personnalité ? Si nous avions le