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Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/27

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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

temps de nous arrêter aux preuves extérieures qui militent contre ces hypothèses célèbres, en ce qui concerne Hésiode, peut-être ne nous serait-il pas très difficile de découvrir des traces certaines de l’existence de la Théogonie, comme système et comme composition, dans la plupart des poètes et des philosophes antérieurs aux Pisistratides ou leurs contemporains ; de faire voir qu’elle était, au vie siècle, devant les yeux des sages de l’Ionie et la Grande-Grèce, des Phérécyde, des Pythagore, des Xénophane, comme au ve, devant ceux de Pindare, d’Eschyle et d’Hérodote ; qu’elle y était dans son ensemble, à titre de corps de doctrine et de symbole révéré des croyances héréditaires, à un état enfin qui ne pouvait être essentiellement différent de celui où les Alexandrins la trouvèrent. Ceux-ci reconnurent, sans doute, dans les copies qu’ils collationnèrent pour leurs recensions nouvelles bien des disparates, des doubles emplois, des incohérences de détail, résultat inévitable d’une transmission orale prolongée, de l’absence de toute critique chez les premiers rédacteurs, et de la fidélité même avec laquelle ils remplirent leur mission. Les grammairiens d’Alexandrie eurent le défaut contraire ; mais quelques efforts qu’ils aient faits pour polir le texte de la Théogonie, rien ne prouve qu’ils en aient modifié la contexture générale, pas plus que ne l’avaient inventée avant eux les Diascévastes des Pisistratides. Tel qu’il nous est parvenu, poli de nouveau, après le siècle d’Auguste, puis corrompu, mutilé, bouleversé même en quelques parties, à travers les temps d’ignorance