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Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/152

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la rue, le prenant pour le docteur Double L. Dé[1], le célèbre professeur de (charlatanisme) physique. Il n’en fallut pas davantage pour monter la tête à mon oncle, et, à l’époque où s’ouvre cette histoire, — car ce récit finit par en devenir une, — le vieux Drolgoujon n’était abordable que sur des sujets qui s’accordaient par hasard avec les cabrioles de son nouveau dada. Du reste, il riait des bras et des jambes et professait des opinions politiques aussi obstinées que faciles à comprendre : il croyait, avec Horsley, que la plèbe ne doit s’occuper des lois que pour y obéir.

J’avais toujours vécu avec le vieux gentleman. Ma précieuse personne était l’unique héritage que lui eussent légué les auteurs de mes jours. Je crois que le vieux gradin m’aimait autant ou presque autant que sa propre fille, ce qui ne l’empêchait pas de me rendre malheureux comme les pierres. Depuis ma première jusqu’à ma cinquième année, il m’avait gratifié de fustigations très-régulières. De cinq ans jusqu’à treize, je m’étais vu menacé de la maison de correction au moins douze fois par jour ; à dater de cette époque jusqu’à ma vingtième année, mon oncle n’avait pas laissé pas-

  1. En anglais, les initiales L. L. D., à la suite d’un nom propre, signifient : docteur en théologie. — (Note du traducteur.)