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Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/153

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ser un jour sans promettre de me léguer un shilling pour tout héritage. J’étais un assez mauvais garnement, je dois en convenir ; — que voulez-vous ? c’était dans ma nature.

Néanmoins, j’avais dans Catherine une amie sincère, et je le savais. C’était une bonne fille, et elle me disait, d’un ton plein de cajoleries, qu’elle serait à moi, y compris sa dot, dès que j’aurais, à force d’importunités, arraché à mon oncle Drolgoujon le consentement nécessaire. Pauvre enfant ! — elle avait à peine quinze ans, et à moins d’avoir obtenu ledit consentement, il aurait fallu attendre sa majorité pour toucher le petit magot qu’elle possédait en rentes sur l’État. Que faire en pareil cas ? À quinze, et même à vingt et un ans (car j’avais dépassé ma cinquième olympiade), cinq armées d’attente paraissent tout aussi longues que cinq cents. C’est en vain que nous assiégions le vieux gentleman de nos importunités ; cette affaire était pour lui une vraie pièce de résistance, comme diraient MM. Ude et Carême, et allait comme un gant à son caractère taquin. Ça aurait soulevé l’indignation de Job lui-même de le voir s’amuser de nos impatiences comme un vieux chat jouant avec deux pauvres petites souris. Au fond, il ne désirait rien plus ardemment que notre union. Depuis longtemps, il nous destinait l’un à l’autre. Il aurait