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Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/154

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même donné dix mille livres de sa poche (la dot de Catherine lui venait de sa mère) pour trouver l’ombre d’un prétexte qui lui permît d’accéder à un désir aussi naturel que le nôtre. Mais nous avions eu l’imprudence d’entamer nous-mêmes la question. J’ai la ferme conviction que mon pauvre oncle se trouvait dans l’impossibilité de ne pas nous faire de l’opposition.

J’ai déjà dit qu’il avait son côté faible ; mais qu’on ne s’y trompe pas, ces paroles ne s’appliquent pas à son opiniâtreté, qui était, au contraire, un de ses côtés forts. Quand je parle de ses faiblesses, je fais allusion à certaine bizarre superstition qui s’était emparée de lui. Il croyait aux rêves, aux pronostics et autres balivernes de même farine. À cheval d’ailleurs sur les minuties du point d’honneur, et homme de parole, à sa façon. C’était là, en effet, un de ses dadas. Il ne respectait pas toujours l’esprit d’une promesse ; mais il se piquait de se conformer à la lettre de ses engagements. Or, peu de temps après l’entretien enregistré plus haut, une bonne idée de Catherine me permit de tirer un parti avantageux et inattendu de cette particularité du caractère de l’entêté vieillard.

Ayant ainsi, à la façon des bardes et des orateurs modernes, épuisé en prolegomena tout le temps et presque tout l’espace qui se trouvent en ce mo-