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Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/268

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pérais pas les trouver, après un examen scrupuleux, jouissant d’une parfaite santé et ne laissant pas voir le plus léger signe de malaise. Je ne pouvais me rendre compte de cela qu’en élargissant ma théorie, et en supposant que l’atmosphère ambiante hautement raréfiée pouvait bien, contrairement à l’opinion que j’avais d’abord adoptée comme positive, n’être pas chimiquement insuffisante pour les fonctions vitales, et qu’une personne née dans un pareil milieu pourrait peut-être ne s’apercevoir d’aucune incommodité de respiration, tandis que, ramenée vers les couches plus denses avoisinant la terre, elle souffrirait vraisemblablement des douleurs analogues à celles que j’avais endurées tout à l’heure. Ç’a été pour moi, depuis lors, l’occasion d’un profond regret, qu’un accident malheureux m’ait privé de ma petite famille de chats et m’ait enlevé le moyen d’approfondir cette question par une expérience continue. En passant ma main à travers la soupape avec une tasse pleine d’eau pour la vieille minette, la manche de ma chemise s’accrocha à la boucle qui supportait le panier, et du coup la détacha du bouton. Quand même tout le panier se fût absolument évaporé dans l’air, il n’aurait pas été escamoté à ma vue d’une manière plus abrupte et plus instantanée. Positivement, il ne s’écoula pas la dixième partie d’une seconde entre le moment où le panier se décrocha et celui où il disparut complètement avec tout ce qu’il contenait. Mes souhaits les plus heureux l’accompagnèrent vers la terre, mais, naturellement, je n’es-