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Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/269

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pérais guère que la chatte ou ses petits survécussent pour raconter leur odyssée.

À six heures, je m’aperçus qu’une grande partie de la surface visible de la terre, vers l’est, était plongée dans une ombre épaisse, qui s’avançait incessamment avec une grande rapidité ; enfin, à sept heures moins cinq, toute la surface visible fut enveloppée dans les ténèbres de la nuit. Ce ne fut toutefois que quelques instants plus tard que les rayons du soleil couchant cessèrent d’illuminer le ballon ; et, cette circonstance, à laquelle je m’attendais parfaitement, ne manqua pas de me causer un immense plaisir. Il était évident qu’au matin je contemplerais le corps lumineux à son lever plusieurs heures au moins avant les citoyens de Rotterdam, bien qu’ils fussent situés beaucoup plus loin que moi dans l’est, et qu’ainsi, de jour en jour, à mesure que je serais placé plus haut dans l’atmosphère, je jouirais de la lumière solaire pendant une période de plus en plus longue. Je résolus alors de rédiger un journal de mon voyage en comptant les jours de vingt-quatre heures consécutives, sans avoir égard aux intervalles de ténèbres.

À dix heures, sentant venir le sommeil, je résolus de me coucher pour le reste de la nuit ; mais ici se présenta une difficulté qui, quoique de nature à sauter aux yeux, avait échappé à mon attention jusqu’au dernier moment. Si je me mettais à dormir, comme j’en avais l’intention, comment renouveler l’air de la chambre pendant cet intervalle ? Respirer cette atmo-