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Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/373

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P. Mais dans tout cela, — dans cette identification de la pure matière avec Dieu, n’a-t-il rien d’irrespectueux ? (Je fus forcé de répéter cette question pour que le somnambule pût complètement saisir ma pensée.)

V. Pouvez-vous dire pourquoi la matière est moins respectée que l’esprit ? Mais vous oubliez que la matière dont je parle est, à tous égards et surtout relativement à ses hautes propriétés, la véritable intelligence ou esprit des écoles et en même temps la matière de ces mêmes écoles. Dieu, avec tous les pouvoirs attribués à l’esprit, n’est que la perfection de la matière.

P. Vous affirmez donc que la matière imparticulée en mouvement est pensée ?

V. En général, ce mouvement est la pensée universelle de l’esprit universel ; cette pensée crée ; toutes les choses créées ne sont que les pensées de Dieu.

P. Vous dites : en général.

V. Oui, l’esprit universel est Dieu ; pour les nouvelles individualités, la matière est nécessaire.

P. Mais vous parlez maintenant d’esprit et de matière comme les métaphysiciens.

V. Oui, pour éviter la confusion. Quand je dis esprit, j’entends la matière imparticulée ou suprême ; sous le nom de matière, je comprends toutes les autres espèces.

P. Vous disiez : pour les nouvelles individualités la matière est nécessaire.

V. Oui, car l’esprit existant incorporellement, c’est Dieu. Pour créer des êtres individuels pensants, il était nécessaire d’incarner des portions de l’esprit divin.