Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1889.djvu/169

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SCOLIES

circonstances ! Comme de bonne heure, victime glorieuse volontaire, il avait demandé à cette même drogue un mal que ce peut être le devoir, pour un homme, de contracter, et sa chance unique d’arriver à certaines altitudes spirituelles prescrites, mais que la nation dont il est, s’avoue incapable d’atteindre par de légitimes moyens.

Arcane qui ne revêt cette précision que devant l’absolu ; et peut, cependant, répandre en la sérénité d’un peuple quelque trouble subtil.

Aussi je ne cesserai d’admirer le pratique moyen dont ces gens, incommodés par tant de mystère insoluble, à jamais émanant du coin de terre où gisait depuis un quart de siècle la dépouille abandonnée de Poe, ont, sous le couvert d’un inutile et retardataire tombeau, roulé là une pierre, immense, informe, lourde, déprécatoire, comme pour bien boucher l’endroit d’où s’exhalerait vers le ciel, ainsi qu’une pestilence, la juste revendication d’une existence de Poète par tous interdite.

La biographie de Poe n’est plus à faire chez nous : le suprême tableau à la Delacroix, moitié réel et moitié moral, dont Baudelaire a illustré la traduction des Contes (ce chef-

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