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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/111

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les ramenons au grand salon central par le salon des Aides de camp. Par les fenêtres qui donnent sur la galerie extérieure3, ils admirent le jardin, les pelouses fraîches, les corbeilles de tulipes et les jacinthes, et nous ne parlons guère que du printemps parisien, que Londres nous envie.

Au cours de cette visite, le Roi et la Reine nous offrent, à ma femme et à moi, de charmants souvenirs. George V me remet, en outre, pour la France, cinq grands médaillons, représentant des scènes de la vie de Louis XIV. Ils faisaient jadis partie des ornements qui entouraient, sur la place des Victoires, la statue du grand Roi. Ils avaient été exécutés par Desjardins et présentés à Louis XIV par le duc de la Feuillade. Transportés au château de Windsor après la destruction de la statue, ils étaient restés depuis plus d’un siècle dans la famille royale d’Angleterre : « Je saisis cette occasion, m’a dit très aimablement le Roi, de rendre ces objets à la France. »

Le soir, grand dîner officiel dans la vaste salle des fêtes dont la belle suite de Gobelins dissimule heureusement l’incorrigible et fastueuse laideur, mais dont le plafond étale impudemment au-dessus de nos têtes son ornementation criarde. Le Roi me parle, à plusieurs reprises, de l’accueil qui lui est fait et dont il est très touché. Il semble que cette réception enthousiaste soit pour lui une agréable diversion et qu’elle le dédommage un peu de ses tracas politiques. Il ne me cache pas ses derniers soucis. La presse a cependant exagéré, me dit-il, l’affaire des officiers démissionnaires. On a peut-être eu tort de leur poser des questions anticipées.