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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/113

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quelques éléments de notre caractère national ; et Elle retrouvera sans peine dans les vertus qu’honore notre démocratie, plusieurs des forces traditionnelles qui ont fait, depuis si longtemps, la grandeur et la gloire de l’Angleterre : le sens de la mesure, de l’ordre et de la discipline sociale, la conscience éclairée du devoir patriotique, l’acceptation joyeuse des sacrifices nécessaires, le culte fervent d’un idéal qui ne s’éclipse jamais et qui remplit de lumière toute la vie d’une nation. Après une longue rivalité qui leur avait laissé d’immortelles leçons d’estime et de respect mutuels, la France et la Grande-Bretagne ont appris à s’aimer, à rapprocher leurs pensées et à unir leurs efforts. Il y a aujourd’hui dix ans que les deux gouvernements ont réglé à l’amiable les questions qui les divisaient. Les accords qu’ils ont passés à cette date et dont la clairvoyance de Sa Majesté le Roi Édouard VII et de ses conseillers avait si heureusement préparé la réalisation, ont tout naturellement donné naissance à une entente plus générale, qui est dorénavant l’une des plus sûres garanties de l’équilibre européen. Je ne doute pas que, sous les auspices de Votre Majesté et de Son gouvernement, ces liens d’intimité ne se resserrent tous les jours davantage, au grand profit de la civilisation et de la paix universelle. C’est le vœu très sincère que je forme au nom de la France. »

Le Roi me répond par une allocution qu’il lit d’une voix nette et d’un ton décidé, avec un léger accent qui n’enlève rien à la clarté de sa diction : « J’éprouve un plaisir tout particulier à me trouver au milieu du peuple français lors du dixième anniversaire de ces accords par lesquels nos deux pays ont réglé pacifiquement toutes les questions qui