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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/123

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La conscription était le fardeau imposé à la France par le danger de guerre, par les leçons de l’histoire et par les conditions présentes. » Ainsi, malgré ses yeux d’insulaire, Grey, visitant Paris, se rendait aisément compte des dures nécessités que subissait la France pacifique et la vue de la foule lui suggérait cette juste réflexion : « Cette multitude de gens qui jouissaient de cette belle journée d’avril, pourquoi eût-elle souhaité de troubler la paix qui rendait cette jouissance possible ? »

Le secrétaire d’État britannique parle ensuite des cérémonies officielles. « Tous les préparatifs, dit-il, avaient été excellemment faits par les Français. Il ne se passa rien, d’ailleurs, que de conforme à l’ordinaire routine des fêtes de ce genre. Il y eut un grand banquet où furent prononcées des allocutions soigneusement étudiées pour célébrer l’entente entre la Grande-Bretagne et la France, sans offenser aucune autre puissance. Fut-ce tout ? S’il ne s’était agi que de la France et de nous-mêmes, c’eût été tout. La visite ne fut pas longue ; le temps fut presque entièrement consacré à des cérémonies ; il n’y eut guère place pour une discussion sérieuse d’un sujet quelconque. Les affaires importantes à régler entre la France et la Grande-Bretagne étaient traitées à Londres par moi avec Cambon ou à Paris par l’intermédiaire de Bertie : les deux ambassadeurs avaient la pleine confiance de leurs gouvernements. Le dernier matin cependant, je fus prié de passer au quai d’Orsay. Bertie et Cambon étaient présents et aussi, je crois, un ou deux hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, outre M. Doumergue et moi. Autant que je me le rappelle, ce fut Cambon qui dirigea principalement la conversation avec moi, comme