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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/131

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à Paris. Le jeu des grandes eaux, la vue du parterre de Latone, du bosquet d’Apollon, du bassin de Neptune, les applaudissements de la foule, la beauté du jour, tout remplit d’aise nos invités. Une soirée à l’Opéra achève de les ravir et clôt le cycle des réceptions officielles. Dans la matinée du mardi 19, le Roi et la Reine quittent Paris pour la Belgique, après m’avoir répété qu’ils m’attendront à Copenhague, en juillet prochain, à mon retour de Russie. De la frontière, Christian X me télégraphie qu’il emporte de son séjour en France des impressions ineffaçables.

La présence de nos hôtes royaux n’a pas imposé silence aux rumeurs grandissantes de la politique intérieure. Pendant que Mme Poincaré se rend à Berck pour visiter l’hôpital maritime et distribuer quelques subsides aux malades, tout le monde autour de moi parle déjà d’un prochain remaniement ministériel. Le mouvement à gauche que semblent avoir enregistré les élections législatives et le désir de retraite qui s’est emparé de M. Gaston Doumergue provoquent toutes sortes de commentaires et de conjectures. Des journaux de droite me somment de barrer la route aux groupes avancés. Un sénateur radical, M. Alexandre Bérard, répond dans la Lanterne qu’il n’a pas voté pour moi à Versailles, mais qu’il me sait un républicain scrupuleusement respectueux de la loi et de la Constitution. « Tous ces gens-là, écrit-il, ignorent le premier mot de la Constitution de 1875. Le Président de la République n’est que le premier serviteur de la République parlementaire… Quand il a été élu, M. Poincaré a promis d’être le fidèle serviteur de la Constitution : c’est lui faire gratuite injure que de supposer qu’il pourrait violer sa