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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/136

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et son épouse, la reine Ultrogothe, qui ont, d’inspiration divine, fondé en la ville de Lyon cet établissement hospitalier. J’y suis accueilli tout à la fois par les sœurs de la communauté, les aumôniers, les sénateurs et députés, aussi bien ceux d’extrême gauche que ceux de droite. Au chevet des malades, les passions se sont tues et l’esprit de concorde a tout apaisé. Cette communauté lyonnaise a, d’ailleurs, un régime particulier. Elle ne prononce pas de vœux perpétuels. Elle est, en même temps, sous l’autorité religieuse de l’archevêque et sous l’autorité administrative des hospices. Elle est composée de femmes admirables qui dépensent leur vie à soigner les pauvres gens. Aujourd’hui, elles sont en fête. Elles ont magnifiquement orné leur réfectoire, où pour la première fois s’assied un chef d’État. Elles ont, me dit-on, prié depuis deux jours pour qu’il ne m’arrivât point malheur. C’est sous leurs auspices qu’est servi notre dîner. J’aimerais à me recueillir un peu au milieu de ces saintes femmes, de ces vaillantes infirmières, de ces chirurgiens et médecins qui m’entourent, mais comme, même en cet asile du bien, un repas ne peut aller sans toast, je me lève, une fois encore, pour remercier tout le personnel de l’hôpital et pour retracer, en quelques mots, l’édifiante histoire de la charité lyonnaise.

Le lendemain, à la Préfecture, je reçois les maires du département. Ils sont venus nombreux et écoutent avec déférence une allocution dont je sens la banalité. Après une courte visite à l’hôtel de la Mutualité, j’assiste à un nouveau banquet, offert, celui-ci, par le conseil général du Rhône. Le président, M. Cazeneuve, sénateur, me souhaite la bienvenue en termes amicaux et je lui réponds