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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/135

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continué à se développer tranquillement au milieu des préoccupations universelles. Maintenant que, grâce aux efforts combinés de toutes les grandes nations et malgré les nouveaux incidents d’Albanie, le calme paraît devoir enfin se rétablir, vous avez le droit d’espérer que rien n’arrêtera plus l’essor de votre prospérité. Les étoffes soyeuses ont légitimement retrouvé les faveurs de la consommation mondiale ; elles ne sont plus reléguées dans le costume au rang d’accessoires superflus… Et si grands que puissent être parfois les embarras suscités à votre industrie par les fantaisies et les inconstances de la mode, vous êtes désormais en mesure de poursuivre, avec une joyeuse confiance, les brillantes campagnes qui vous ont déjà valu tant de victoires. » Voilà les victoires que je souhaite pour la France à la fin de mai 1914 ! Puissent les autres chefs d’État n’en désirer que d’aussi pacifiques !

L’après-midi, c’est d’abord à l’École du Service de santé que je vais saluer les médecins-majors et leurs cinq cents élèves ; puis, ce sont les professeurs des trois ordres d’enseignement et les étudiants de l’Université qui me reçoivent dans le grand amphithéâtre, et, pour tâcher d’égayer un peu le discours que je leur adresse, je leur parle des temps lointains où l’éloquence s’enseignait à Lyon avec une telle sévérité que les mauvais orateurs étaient précipités dans le Rhône et devaient, pour échapper à la mort, être du moins des nageurs passables. Mon auditoire m’épargne ce châtiment et me laisse partir sain et sauf pour l’Hôtel-Dieu. J’entre dans ce bâtiment vénérable par le majestueux portail du quai de l’Hôpital, surmonté du dôme de Soufflot. C’est le très pieux roi Childebert