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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/139

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précipitent sur nos pas et nous poursuivent de leurs ovations. Nous parcourons également les sections étrangères. Les Belges nous reçoivent avec une familiarité cordiale, les Italiens avec une politesse empressée, les lords Prévosts d’Edimbourg et de Glasgow avec une distinction courtoise, le bourgmestre de Vienne avec une bonne humeur satisfaite, le comité allemand avec des prévenances qui n’ont rien d’affecté. À tous, j’exprime les vœux de la France pour le succès de l’œuvre de paix à laquelle ils se consacrent en commun et qui va se développer favorablement dans le calme de l’été. Tous ces étrangers croient certainement comme moi que la guerre européenne dont les guerres balkaniques ont un instant paru le prodrome est désormais conjurée.

Le soir, à la Préfecture, j’offre, à mon tour, un dîner de plus de cent couverts aux sénateurs et députés, au bureau du conseil général, à la magistrature et à l’armée. Un peu avant minuit, je quitte Lyon, pour rentrer à Paris.

Pendant mon absence, la presse a continué à commenter, dans les sens les plus variés, la situation ministérielle et parlementaire. Mon discours au conseil général du Rhône suscite, comme je m’y attendais, des appréciations discordantes. Un modéré de grand talent, dont la guerre tranchera bientôt la destinée, Frédéric Clément, écrit dans la République française, que je fais trop bon marché de mes droits et que la crainte de paraître exercer un pouvoir personnel risque de me conduire à l’abdication de mon autorité. M. Clemenceau insinue, au contraire, dans l’Homme libre, que M. Stephen Pichon, qu’il maltraite volontiers depuis le jour où M. Barthou l’a choisi comme