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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/145

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mon pas de chasseur alpin. Il tombe une pluie fine, qui trempe et disperse la foule des spectateurs. Rentré à la sous-préfecture, j’offre un dîner intime à la représentation parlementaire. Dans la soirée, le ciel se dégage et un feu d’artifice éclaire sous nos yeux la gracieuse vallée de la Vilaine.

Couché au bruit des fusées et des pétards, je me lève aux premières heures de l’aube pour gagner Fougères. Je connais et j’aime depuis longtemps cette antique cité bretonne, son château dont la forme épouse les lignes capricieuses du rocher, ses remparts coiffés de créneaux et de mâchicoulis, ses tours aux noms historiques, tout ce vaste tableau médiéval, qui a inspiré des pages célèbres à Balzac et à Victor Hugo. Je connais le porche et la façade de l’Hôtel de Ville, la rosace de granit de l’église Saint-Léonard, et cette Place-aux-Arbres, d’où la vue s’étend sur les maisons et les jardins, sur la riante vallée du Couesnon et sur les collines environnantes. J’ai eu autrefois l’occasion de contempler ces monuments et ce paysage entre deux audiences du tribunal. Je suis donc à même d’en parler familièrement à la population fougéroise. Je sais aussi que depuis quarante ans, Fougères est devenue la grande ouvrière française en chaussures de tout genre, que, grâce à ce rajeunissement industriel, elle s’est entourée de vastes faubourgs, que le nombre des habitants a triplé et que le chiffre annuel de ses affaires dépasse aujourd’hui trente millions. La municipalité, qui a magnifiquement décoré la ville, et le nombreux auditoire auquel j’adresse mon discours de remerciements, sont heureux de me voir aussi exactement renseigné et paraissent flattés du petit effort que j’ai fait pour leur plaire.