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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/151

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a expliqué à ses collègues les motifs de sa détermination. Il a, me dit-il, rendu service à son parti en présidant à des élections qui ont été ce que souhaitaient ses amis ; il considère pour le moment son œuvre comme terminée. Il m’engage à offrir la présidence du Conseil à M. René Viviani, qui n’a pas, il est vrai, voté le service de trois ans, mais qui, m’affirme-t-il, est, comme lui et autant que lui, résolu à le maintenir.

J’insiste pour que M. Doumergue revienne sur une décision que rien, à mes yeux, ne justifie. Mais je ne triomphe point de sa modestie et il me remet la lettre que ses collègues et lui ont déjà signée. Elle est ainsi conçue : « Monsieur le Président de la République, j’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir accepter ma démission de Président du Conseil des ministres et, avec elle, celles de mes collègues du cabinet. En vous remerciant de la confiance que vous n’avez cessé de nous témoigner, je vous prie, Monsieur le Président de la République, de vouloir bien agréer l’assurance de notre profond et très respectueux dévouement. Signé : Gaston DOUMERGUE, BIENVENU-MARTIN, MALVY, NOULENS, GAUTHIER, LEBRUN, René RENOULT, René VIVIANI, Raoul PERET, METIN, Maurice RAYNAUD, Fernand DAVID, MAGINOT, Paul JACQUIER. »

Tous les ministres démissionnaires sont déjà réunis dans la salle du Conseil. Je me rends auprès d’eux avec M. Doumergue. En leur présence, il commente aimablement leur lettre collective. Une fois encore, je le prie de ne pas persévérer dans ses intentions. Je lui fais remarquer que le départ du cabinet me laissera sans aucune indication parlementaire et que, du reste, les élections, favorables