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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/152

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à son gouvernement, ne sauraient motiver sa démission. Mais son siège est fait. Je m’incline donc devant son désir et je lui exprime, avec mes remerciements, mes vifs regrets.

Comme M. Jaurès me reproche, ce matin même, mon discours de Rennes, qui, dit-il, a été prononcé sous ma responsabilité personnelle, en dehors du gouvernement, M. Noulens indique loyalement au Conseil que je lui avais communiqué le passage relevé par l’orateur socialiste et qu’il y avait donné son adhésion. Les autres ministres déclarent, eux aussi, qu’ils n’y trouvent rien à redire, et c’est avec des sentiments de parfaite cordialité que nous nous séparons.

Je convoque aussitôt les présidents des deux Chambres. M. Antonin Dubost vient à une heure et demie, M. Paul Deschanel à trois heures. Le premier ne me dit pas grand’chose de précis. Il me laisse cependant entendre qu’à son avis, il semble résulter des élections la nécessité de chercher, pour la loi militaire, une solution transactionnelle. M. Deschanel se prononce, au contraire, catégoriquement pour la formation d’un cabinet résolu à maintenir le service de trois ans. Sa propre élection à la présidence provisoire, celle de M. Clementel, ancien ministre de M. Louis Barthou, à la vice-présidence, l’échec de MM. Augagneur et Rabier, hostiles au régime militaire actuel, la nomination de M. Messimy, qui y est favorable, qui n’était même pas candidat et qui a démissionné immédiatement après le scrutin, tout cela constitue, dit M. Paul Deschanel, des indications précises et concordantes. Il pencherait, du reste, pour un cabinet Viviani, à la condition que j’eusse des garanties précises sur le maintien du service de