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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/156

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de maintenir fermement les trois années de service ; mais M. Viviani n’a rien offert au premier et le second ne paraît guère disposé à entrer dans la combinaison projetée. M. Viviani me prie de le voir et de le convaincre. Pour répondre à ce désir, je fais venir M. Léon Bourgeois. Il trouve ambiguës les formules dont M. Viviani veut se servir dans l’exposé de son programme militaire. Il craint que des phrases trop habilement balancées n’exposent le nouveau cabinet aux attaques de tous les partis. Quant à lui, il est décidé à répudier toute équivoque. Je l’en approuve, mais j’insiste pour qu’il accepte le portefeuille des Affaires étrangères et défende sa manière de voir. Il commence par m’objecter sa santé, qui est malheureusement chancelante, mais je le supplie de se sacrifier, une fois de plus, au pays. Il consent à causer avec M. Viviani dans mon cabinet. Je leur parle à tous deux avec beaucoup de force et d’émotion. Tout ce qu’accepte M. Léon Bourgeois, c’est d’avoir, le lendemain matin, une nouvelle entrevue avec M. Viviani. Il réserve, en attendant, sa réponse définitive.

Sans se décourager, M. Viviani continue ses consultations. Les obstacles qu’il rencontre ne le rebutent pas, mais il commence à s’énerver un peu. Il se plaint avec amertume de l’indiscrétion de M. Caillaux qui, à la veille du procès d’assises, voudrait, paraît-il, avoir à la chancellerie un ministre de son choix. Il espère que finalement M. Léon Bourgeois acceptera d’entrer dans le cabinet.

Mais, le vendredi matin, c’est une réponse négative que le sénateur de la Marne apporte à M. Viviani. M. Léon Bourgeois a longuement interrogé