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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/16

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pression énergique sur la Porte. « En tout état de cause, télégraphiait M. Doumergue à M. Paul Cambon, le 10 janvier, j’ai indiqué à sir Francis Bertie que le refus ou le simple ajournement de l’emprunt turc ne me paraît pas un moyen de pression décisif, la Turquie pouvant vraisemblablement trouver sur un autre marché des sommes suffisantes pour parer à ses besoins les plus urgents et pour attendre des circonstances favorables à une grande opération de crédit. »

Comme on le pense bien, d’ailleurs, ce n’était pas réellement de Constantinople que venait la résistance aux réclamations russes ; elle venait en droite ligne de Berlin. La Turquie n’était qu’un instrument et, par suite, la tactique de M. Sazonoff était condamnée à demeurer inefficace. L’Empereur Guillaume II prétendait qu’il avait lui-même annoncé la mission militaire au Roi George V et au Tsar pendant leur récent séjour à la Cour impériale et que tous deux avaient accepté, au moins par leur silence, le projet de l’Allemagne. Le Tsar ne gardait aucun souvenir de cette confidence et le Roi d’Angleterre, interrogé par le gouvernement russe, faisait répondre par sir George Buchanan : 1° qu’aucune allusion n’avait été faite par le souverain allemand aux pouvoirs de commandement de la mission ; 2° que de la mission militaire elle-même l’Empereur d’Allemagne n’avait parlé qu’en passant, et simplement comme de la continuation de la mission Von der Goltz. À aucun moment, le Roi d’Angleterre n’avait eu l’impression que la nouvelle mission militaire prendrait un autre caractère. (Télégramme de M. Delcassé, 12 janvier 1914.)

Enfin, après quelques conversations de sir Ed. Grey avec le prince Lichnowsky et de M. Jules