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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/17

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Cambon avec M. de Jagow, l’Empereur Guillaume se décidait à faire quelques concessions de pure forme, pour être plus sûr de maintenir la position prise. Il lâchait l’ombre et gardait la proie. Le 14 janvier, M. Delcassé mandait de Saint-Pétersbourg à M. Doumergue5 : « M. de Giers (ambassadeur russe en Turquie) télégraphie que d’après les affirmations du chargé d’affaires d’Allemagne à Constantinople, la question Sanders sera réglée avant la fin du mois par la nomination de Sanders en qualité d’inspecteur général de l’armée turque, comme était à peu près le général von der Goltz, mais sans commandement de troupes. De son côté, le comte de Pourtalès (ambassadeur d’Allemagne en Russie), a dit à M. Sazonoff qu’il considère l’affaire comme réglée. Il n’a pas dit qu’il parlait au nom de son gouvernement et n’a rien précisé. » Renseignement vague auquel M. Delcassé ajoutait le surlendemain 16 : « M. de Jagow a déclaré à l’ambassadeur de Russie que le général Liman de Sanders, qui vient d’être fait général de cavalerie dans l’armée allemande, sera très prochainement nommé maréchal dans l’armée ottomane. Comme la dignité de maréchal est incompatible avec le commandement d’un corps d’armée, la question qui nous divisait, a ajouté M. de Jagow, se trouvera par là résolue6. » Passez, muscade ! Le tour est joué.

Notre chargé d’affaires à Constantinople, M. Boppe, confirmait la nouvelle de cet escamotage : « Constantinople, 16 janvier. Le général Liman, que j’ai eu l’occasion de rencontrer ce soir, m’a